Les mots lumineux de Raôul Duguay

Il y a, en filigrane de ce texte Ô Kébèk,  une poésie vibrante, tonique, nourrie d’une immense maturité et porteuse d’une multitude d’émotions. Certains y trouveront une dimension politique, un héritage culturel et/ou l’espoir d’un possible rassemblement citoyen. D’autres seront conquis sans réserve par les mots et leur claire ordonnance exclusive à  Raôul Duguay. Ces mots lumineux font naître à l’orée de nos mémoires des images d’une telle précision et d’une telle intensité qu’elles prennent des dimensions cosmiques et universelles. Ces mots transhistoriques  mesurés à l’aune des profondes convictions de leur auteur enrichissent le terreau de nos espoirs et suggèrent une démarche de fierté vers des horizons à nommer. Ces mots nés dans la solitude et le silence; mots de philosophe, mots de poète, mots de musicien rappellent que notre monde est aux premières marches des plus joyeux consentements. Il nous reste à croire en « la soif d’un pays où règne l’abondance »   et surtout cultiver précieusement « le courage de nous tenir debout » (Raôul Duguay, Ô Kébék)

Il faut reconnaître que dans cette solide matière textuelle, à travers une visible mainmise structurelle de cet hymne national  se profile la vision humaniste et historique  de Duguay  rejoignant ainsi celles de nos grands poètes tels Gaston Miron: « nous te ferons, Terre de Québec (…..) c’est nous ondulant dans l’automne d’octobre, c’est le bruit roux de chevreuils dans la lumière, l’avenir dégagé, l’avenir engagé. » (L’octobre. L’Homme rapaillé)  de Paul-Marie Lapointe pour qui « les hommes marchent entre les murs abolis » (Réel Absolu) et de Claude Gauvreau quand il affirme qu’il « faut poser des actes d’une si complète audace que même ceux qui les réprimeront devront admettre qu’un pouce de délivrance a été conquis pour tous » (La charge de l’orignal épormyable.)  

Avec eux, Duguay chasse les ombres de nos mémoires et ceux qui aujourd’hui le condamnent devront un jour admettre que chaque mot possède une vie propre et que celle-ci engage un rapport à la conscience et donne une voix libre et authentique à l’Autre.

Thérèse Bélanger, consultante en arts visuels
Notre-Dame-du-Portage.
16 juin 2011
   

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